Rire ! mais est-ce bien raisonnable ?

Le 4 avril, nous accueillerons Patrick Brunel qui nous fait l’amitié de venir de Paris nous parler du rire et de la signification de cette innocente marque de gaité. L’homme hilare est-il toujours un homme ? ou un fou, un possédé – des dieux ou du vin ?

Patrick Brunel est un universitaire, enseignant-chercheur à la Faculté des lettres de l’Institut Catholique de Paris. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le rire dans la littérature française.

Voici comment il présente son intervention pour le café philosophique du 4 avril :

« De l’Antiquité jusqu’à la fin des Temps modernes, le rire a été pensé comme un affect entretenant un rapport étroit, autant qu’énigmatique, avec la sagesse et avec la folie. Rire, est-ce un symptôme de folie ou une marque de sagesse ?

Un tel questionnement revient à remettre en cause le rire comme « propre de l’homme », homme par ailleurs défini comme animal raisonnable et doté du logos.

Le rire serait-il donc incompatible avec la raison, et le bon usage de celle-ci devrait-il conduire à exclure celui-là ? »

Le 4 avril à 18h30, au café-restaurant La Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay

Le 8 février : Sartre et la liberté

Après le soufisme et ses élans mystiques, nous redescendons sur terre avec notre prochain café philosophique consacré à un penseur contemporain et un débat sur la condition humaine.

Jean-Paul Sartre (1905-1980) serait-il le dernier des philosophes ? Le dernier en tout cas à avoir construit un système rationnel, présentant une analyse globale de l’homme dans l’univers et de son rapport aux valeurs. Un héritier d’Aristote, de Descartes et autres grands penseurs. Depuis, les grands systèmes ont volé en éclat, la réflexion philosophique s’est morcelée en domaines clos : étude du psychisme, des sociétés, des sciences, etc.

N’y a-t-il pas pourtant dans ce vieux penseur, militant de toutes les causes et rebelle à toute idéologie, des idées qui valent encore la peine ? Grossièrement résumées sous le terme d’ «existentialisme» ses thèses furent à la fois populaires et conspuées. Touchaient-elles à des valeurs fondamentales ? Ainsi, sa conviction profonde que nous sommes absolument libres. Qu’il n’y a pas de « nature humaine » préétablie, et que seuls nos actes, ce que nous aurons fait, disent ce que nous sommes. Donc un philosophe optimiste – mais une morale exigeante.

De grands mots, ou des pistes possibles pour notre époque ?

Le 8 février à 18h30, à la Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay

Bibliographie

Auteur prolifique, ses pièces de théâtre mettent en scène ses idées et sont d’une lecture facile.

Son principal ouvrage strictement philosophique, l’être et le néant (700 pages) est à déconseiller. En revanche l’existentialisme est un humanisme est une approche tout-à-fait abordable (disponible à la bibliothèque de l’association, prêt réservé aux adhérents).

 

11 janvier : le soufisme

Le soufisme est un courant de l’Islam, né au VIIIème siècle en Irak/Perse, et qui s’est étendu d’Espagne jusqu’en en Chine dans les contrées islamisées. Plus qu’un courant c’est une « voie » mystique, dont les adeptes privilégient la recherche intérieure de la purification, le détachement, et l’union avec la divinité, un dieu qui est amour et non celui qui punit, récompense et appelle à la vengeance.  Au sein de l’Islam il est l’opposé du fanatisme et de l’intolérance ; il vénère la beauté, la musique, la poésie.  On y trouve des métaphysiciens, des poètes et poétesses, des ermites un peu fous, des exaltés en transe et les fameux derviches. Ils ont évidemment été persécutés par les autorités musulmanes qui défendaient un islam rigoriste.

Au-delà des parentés avec « nos » mystiques platoniciens et chrétiens, que peuvent nous apprendre les soufis ? Que sont-ils aujourd’hui ? Quel sens a ce courant mystique qui traverse les âges et les lieux ?

Samedi 11 janvier à 18h30 au café-restaurant La Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay

Montesquieu, de la variété des régimes politiques

Le 7 décembre nous examinerons les thèses audacieuses de Montesquieu (1689-1755). Précurseur de la sociologie et de l’anthropologie, il fut le premier à s’intéresser aux cultures et systèmes politiques de sociétés hors de l’Europe, et en les comparant à élaborer une théorie des régimes politiques. Leur variété s’expliquerait par la différence entre les climats, la superficie des territoires, la répartition de l’habitat, et autres facteurs. La forme prise par l’Etat (république, monarchie, despotisme) résulterait de l’adaptation à ces conditions. Cela ne conduit-il pas à une sorte de déterminisme, par exemple le lien entre vaste territoire et despotisme ?

L’autre apport de Montesquieu est plus connu : la nécessaire séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) pour éviter le despotisme, avec des indications très précises sur la façon d’établir l’équilibre entre les institutions. Le plus intéressant est son jugement sur la fragilité des démocraties, menacées par la corruption lorsque « l’esprit d’égalité extrême » agite le peuple et conduit à l’anarchie. Nombre de ses analyses semblent avoir été écrites pour la France actuelle…

Jeudi 7 décembre à 18h30, café-restaurant La Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay

Suggestions de lecture :

« De l’esprit des Lois », édition Garnier Flammarion, un gros ouvrage en deux volumes, dense et plutôt ardu.

« Lettres persanes », même éditeur, présente sous forme romancée et concrète l’essentiel des analyses de Montesquieu. Ouvrage disponible à la bibliothèque de l’association (prêt réservé aux adhérents)

5 octobre : Plotin le mystique

Le 5 octobre, notre prochain café philosophique s’intéressera au grec Plotin (205-270). Après Kant le mois dernier ce sera un grand saut dans l’espace, le temps et les courants de pensée. Autant le philosophe allemand est rationnel, en quête d’explication du monde et de connaissances vérifiables, autant Plotin est spiritualiste, à la recherche de la nature profonde de l’âme et de sa parenté avec un principe suprême.

De ce principe suprême on ne peut rien dire, tellement il est au-delà de notre monde, si ce n’est qu’il est « un », peut-être dieu… mais un dieu sans culte ni clergé. Le monde n’est pas sa création mais son émanation à travers des couches de plus en plus éloignées de lui. Notre âme est donc en partie « divine », exilée dans un corps dont les liens tendent à l’éloigner de « sa vraie patrie ». Le bonheur, l’accomplissement de soi, est dans le retour à cette patrie, c’est-à-dire dans la fusion avec le principe suprême – qui est en nous. Plotin a vécu cette fusion dans plusieurs « extases ».

Inspirée au premier abord de la philosophie de Platon et des gnoses, la pensée de Plotin est en fait originale ; on n’y trouve pas ce mépris du corps ni cette vision de la mort comme une délivrance.

Les thèses de Plotin ont été conservées et transmises sous la dénomination d’ « Ennéades ». Elles ont inspiré nombre de penseurs chrétiens, en particulier Saint Augustin et Pascal, et alimenté tout un courant mystique.

 

Bibliographie

Plotin, traités 1-6 (édition GF). Facile à lire. Disponible à la bibliothèque de l’association (prêt réservé aux membres)

 

7 septembre, Kant : qu’est-ce que le Beau ?

Le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) fut le premier à s’intéresser à l’art et à nos jugements sur la beauté des œuvres, un sujet dédaigné par les penseurs « sérieux ». Il osa aussi s’attaquer à une question épineuse : qu’est-ce qui fait que nous trouvions belle telle chose, et pas nos voisins ? que nous voudrions les convaincre, mais en vain ? D’où vient la divergence entre nos appréciations esthétiques, et pourquoi nous choque-t-elle, alors que nous admettons parfaitement un désaccord sur le goût du Vouvray ou le charme de Marylin ?

En termes philosophiques, le beau est « subjectif » mais veut être « universel ». Diable ! D’où lui vient cette situation instable, que signifie-t-elle, et que nous apprend-elle de l’Homme ?

Nous en débattrons lors de notre prochain café philosophique le 7 septembre, à 18h30 comme d’habitude au café-restaurant Le Bonne Franquette à Noizay

Philosophes, les Egyptiens ?

Notre prochain café philosophique du 1er juin sera exceptionnel : nous aurons en effet la chance d’avoir un égyptologue nous exposer la philosophie qui imbibait la société des pharaons, avec la prétention qu’elle était bien avant nos grecs, Socrate et autres !

Voici la présentation de son exposé :

« Les Égyptiens ont-ils inventé la philosophie ?

De part et d’autre des rives du Nil, de nombreux textes sapientiaux, littéraires, scientifiques, religieux ou bien funéraires – dont certains ont été écrits plus de deux mille ans avant la naissance de Socrate – attestent de l’existence d’une pensée égyptienne particulièrement raffinée qui s’est très tôt emparée des questions constitutives de ce que nous appelons la philosophie. L’être et le non-être, la création du monde et sa disparition, la place de l’homme dans l’univers, la possibilité ou les modalités de sa survie après la mort, l’idéal d’une vie juste, l’origine du mal ou encore la question du savoir ont ainsi été maintes fois explorés par des savants égyptiens qui ne sont pas tous parvenus aux mêmes conclusions.

Cette rencontre sera l’occasion de découvrir une tradition philosophique encore largement méconnue et de s’interroger sur ce que la Grèce a pu emprunter à l’Égypte. »

à 18h30, café-restaurant La Bonne Franquette, 39 rue de la République à Noizay

le 4 mai : Kandinsky

Nous allons explorer l’art moderne, plus précisément la peinture « non figurative » qu’on appelle aussi l’art abstrait. Le peintre russe Vassily Kandinsky (1866-1944) est un parfait exemple de ce courant, d’’une part parce qu’au cours de sa vie il a évolué d’un style tout-à-fait classique (du genre des Impressionnistes ou des Fauves) à des tableaux de plus en plus abstraits, c’est-à-dire qui ne représentent rien ; d’autre part parce qu’il a théorisé cette approche de l’art, ce qui intéresse les philosophes.
Pour lui l’art ne doit pas reproduire la réalité, le visible (un paysage, un bouquet de fleurs, une dame dans un fauteuil) mais rendre visibles à l’aide de couleurs et de formes les émotions, les sentiments devant la réalité. On appelle « expressionnisme » cette école picturale. Du coup, plus besoin de représenter les arbres, le vase… Mieux, il s’est aperçu que « les objets gênaient» et qu’il fallait s’en passer.

Kandinsky était de formation scientifique, un intellectuel avant de se consacrer tardivement à la peinture. Loin d’être des barbouillages (qu’on les aime ou pas) ses toiles sont d’abord pensées, et composées avec rigueur. On retrouve cette approche de l’art chez des peintres parfaitement « figuratifs » comme Matisse ou Chagall.

Le 4 mai nous pourrons examiner quelques-unes de ses toiles et constater la disparition progressive de l’objet !

A 18h30, café-restaurant La Bonne Franquette à Noizay

Bibliographie

Wassily Kandinsky : du spirituel dans l’art, édit Folio essais

Machiavel, le 6 avril 2023

 Le 6 avril nous allons réhabiliter Machiavel ! Tâche impossible ? Les conseils qu’il donne aux dirigeants sont cyniques, machiavéliques. Il leur recommande d’utiliser la force et la ruse, la tromperie et la trahison. En effet le pouvoir politique c’est l’action qui implique de « se salir les mains », car nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. Mais il recommande d’y avoir recours à bon escient, et avec modération, et seulement si c’est absolument indispensable.

Car le but est finalement le bien du peuple, la concorde dans le pays, l’unité de la nation : « satisfaire le peuple et le rendre content est une des plus importantes affaires qu’ait le prince »

La politique de Machiavel n’est donc  pas dénuée de morale. Le problème est que les hommes sont foncièrement mauvais … Comme d’autres philosophes (Rousseau, Hobbes, Kant, Arendt etc) il tente l’exercice difficile de concilier la nécessaire efficacité du pouvoir avec ses idéaux républicains.

De quoi débattre, sereinement !

 

Bibliographie

 

Machiavel, Le prince, édit Garnier-Flammarion. Lecture facile, en prêt à la bibliothèque de la Chouette

 

Francis Wolff, le 2 février 2023

Nous ne savons plus ce que nous sommes, êtres humains coincés entre la perspective vertigineuse de dépasser notre humble condition grâce à la technique, et le poignant désir de former une communauté avec le monde animal. Des dieux ou des bêtes ?

Francis Wolff, professeur émérite de philosophie à l’Ecole normale supérieure, dont nous connaissons déjà son analyse de l’amour parfait (3 octobre 2019), démonte les mirages du transhumanisme et de l’animalisme, et tente de redonner à l’Homme sa dignité et sa place dans l’univers.

A lire :

Francis Wolff, Trois utopies contemporaines (Edit Fayard) – lecture facile