Lévi-Strauss , le 14 octobre

Le prochain café philosophique aura lieu jeudi 14 octobre au café-restaurant La bonne franquette, anciennement l’Antre-Potes.

Ce café sera consacré à examiner et débattre une des thèses de l’ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss (1908-2009), représentant éminent du courant d’idées « structuralisme » qui voit dans toute réalité – les langues, les idéologies politiques, les religions – une structure identique et donc innée à la nature humaine. Lévi-Strauss a appliqué cette grille de lecture à l’ethnologie (étude sociologique des communautés humaines) : à travers l’incroyable diversité des mœurs, coutumes, croyances des peuples à travers le monde on peut lire une structure commune qui apparente finalement l’indigène du Matto Grosso et le viticulteur vouvrillon. Il n’y aurait donc plus de « sauvages » et la dignité d’Homme serait reconnue à tous. Fort bien. Mais ses arguments sont-ils solides ? et surtout, ne conduisent-ils pas à réduire la richesse de la diversité ?

A 18h30 comme d’habitude.

Les séances de ce dernier trimestre sont gratuites. Nous vous invitons à commander au moins une consommation.

Pass sanitaire exigé à l’entrée.

 

Bibliographie

Claude Lévi-Strauss : Tristes tropiques (édition Poches Pocket)

Race et histoire (edit Gonthier, bibliothèque médiations) : lumineux petit livre sur la richesse des cultures à travers le temps et l’espace

 

 

 

Les Cathares

Parler des Cathares aujourd’hui, en France, peut sembler intempestif. Qu’a à nous apprendre cette secte de chrétiens radicaux, qui au XIIIème siècle dans les Pyrénées pratiquait une morale rigoriste, prétendait établir le royaume de Dieu sur terre et subit le martyre plutôt que de renoncer à ses croyances ?

Poser la question en ces termes est une façon d’aborder la philosophie cathare, et peut nous amener à conclure avec effroi que le radicalisme, la simplification, le manichéisme sont des constantes de l’esprit humain et des groupes sociaux.

Cependant il y a plus intéressant à découvrir chez les Cathares. Une secte ? Pas vraiment. Aucune trace de fanatisme ni d’exclusion. Un idéal exigeant, qui combinait austérité et fraternité, mais ouvert à tous – « infidèles » bienvenus. Une relecture certes sélective des textes sacrés, mais après tout parfaitement fondée.

Ces deux angles d’attaque pourront animer les discussions de notre prochain café philosophique, le 9 septembre.

 

Bibliographie

Sur la philosophie cathare : René Nelli, « les phénomène cathare », édit. Privat

Sur l’histoire des Cathares : René Nelli, « la vie quotidienne des Cathares du Languedoc », édit. Hachette.

 

Moby Dick, combattre le monstre

Géant de la littérature et pourtant bien mal connu, Hermann Melville (1819-1891) laisse une œuvre complexe, couvrant de nombreux thèmes, que ce soit l’art de la navigation sous ses différents aspects, la description très précise de la faune et la flore des îles qu’il a visitées lors de ses longs périples océaniques, son amitié pour les peuples dits « sauvages » de Mélanésie, ses campagnes de chasse baleinière, et ses réflexions philosophiques sur l’homme, la destinée, le salut.

Son œuvre principale « Moby Dick » est traversée par tous ces thèmes, le principal étant la lutte éternelle de l’homme contre le mal absolu, symbolisé ici par un monstrueux cachalot blanc affronté jusqu’à la mort par le capitaine Achab et son équipage. Un drame shakespearien sur la passion des hommes, et en même temps une description superbe de l’Océan Pacifique.

Jeudi 1er octobre à 18h30

séance sur réservation   / complet

les philosophes femmes

La philosophie serait-elle masculine ? A lire la liste des philosophes, on pourrait penser que c’est une affaire d’homme.

Pourtant, elles sont nombreuses – un magazine spécialisé en a recensé 268 – celles qui ont pratiqué la recherche de la sagesse, la réflexion sur la place de l’homme dans l’univers, la quête du sens de la vie. Depuis Thémistocléa (600 avant JC) dont Pythagore fut un des disciples jusqu’à notre contemporaine Elisabeth Badinter, en passant par la princesse Palatine, Olympe de Gouges, Rosa Luxembourg elles écrivirent, inspirèrent, combattirent… et restèrent à l’arrière-plan quand ce ne fut pas dans l’oubli.

La Chouette noizéenne vous propose de consacrer le prochain café philosophique le 5 mars à découvrir quelques unes de ces philosophes, les idées qu’elles ont défendues, leur contribution au mouvement de pensée, et d’examiner la question qui en a hanté beaucoup : la philosophie des femmes est-elle forcément féministe ?

café philosophique le 5 mars à 18h30

De l’évolution des êtres

 

Au programme du prochain café philosophique : Charles Darwin (1809-1882).

L’immense mérite de Darwin est d’avoir formulé une théorie rendant compte de la variabilité naturelle des espèces, de la liaison entre les formes fossiles et actuelles, et de la filiation de tout le vivant à travers des millions d’années (des milliards, en fait !) d’évolution ; c’est la théorie de l’évolutionnisme. Pour Darwin, les espèces évoluent au hasard, des caractères héréditaires nouveaux apparaissant continuellement dans leurs populations : mais ces mutations ne sont pas dirigées, elles sont aveugles et peuvent aussi bien avantager que désavantager leur porteur ; il se fait donc une sélection parmi les membres de l’espèce, les mieux adaptés au milieu par le hasard survivant alors et donnant éventuellement naissance à une descendance viable.

Darwin avait compris que tous les êtres vivants partagent des ancêtres communs, formant un immense arbre généalogique, qui remonte aux origines de la vie sur terre.

La séance débutera par une présentation faite par un scientifique fin connaisseur des sciences de la nature, Michel Tranier, ancien directeur des Collections du Museum d’histoire naturelle de Paris.

Le 6 février à 18h30 au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

le transhumanisme

Le transhumanisme est un mouvement qui croit en l’augmentation infinie des capacités de l’être humain. Grâce aux progrès indéniables des sciences, de la médecine, de l’informatique, on peut en effet envisager un accroissement de nos facultés mentales, de la résistance aux maladies, un allongement de la vie, etc. Certains sautent le pas et vont jusqu’à imaginer l’immortalité… et donc un nouvel « homme », transhumain. Après tout, pourquoi l’évolution découverte par Darwin devrait-elle s’arrêter à l’homme actuel ?

Un des précurseurs de ce mouvement fut le révérend père Teilhard de Chardin (1881-1955), paléontologue réputé et théologien controversé. Il défend l’idée que la Vie est née d’un processus de développement de la matière, et qu’à son tour elle a donné naissance à l’homme, donc à la conscience et à l’esprit. Il imagine que ce mouvement continu (quoique très lent) n’est pas terminé, qu’il apportera une amélioration indéfinie des organismes humains (secondée par la science), et s’achèvera dans une convergence de toutes les forces (matérielles, vivantes, spirituelles) dans un point « oméga » qui n’est autre que le Dieu chrétien.

Une théorie provocante qui a le mérite de l’originalité.

Le 5 décembre à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

 

bibliographie

Pierre Teilhard de Chardin : « le phénomène humain », éditions du Seuil, collection Points. Un ouvrage facile à lire, qui mêle exposés de paléontologie et envolées poétiques.

Francis Wolff : « trois utopies contemporaines », chez Fayard. L’auteur de « il n’y a pas d’amour parfait » analyse de façon très claire les croyances au transhumanisme (nous pouvons être comme des dieux) et à l’animalisme (il n’y a pas de grande différence entre les animaux et les hommes).

Max Weber : l’anti-Marx

Le philosophe allemand Max Weber (1864-1920) a révolutionné la sociologie, jusque là dominée par une approche mécaniste et matérialiste héritée du marxisme. En schématisant, on pensait que les idées (opinions politiques, croyances religieuses, arts) étaient le reflet des réalités matérielles, sociales, économiques. Qu’elles venaient après, en étaient parfois le produit, mais n’avaient pas en elles-mêmes d’efficacité. « C’est une doctrine simpliste » affirme Max Weber, pour qui tous les éléments de la vie sociale entrent en interaction les uns avec les autres – ce qu’on appelle une sociologie compréhensive.

Il a magistralement donné une démonstration de sa méthode dans son œuvre principale, « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ». Il y démontre, preuves historiques à l’appui, que sans Luther et Calvin, sans le dogme de la prédestination et les injonctions à mener une vie sobre et austère, l’accumulation du capital et la docilité de la classe ouvrière n’auraient pu se produire.

C’est l’exact contre-pied du matérialisme historique.

Le café philosophique du 7 novembre sera l’occasion d’examiner ces thèses et d’en débattre. Et de se demander comment elles s’exprimeraient aujourd’hui.

Jeudi 7 novembre à 18h30

Café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la république à Noizay

 

Bibliographie

 

« l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », chez Plon. Un gros bouquin mais facile à lire, si on néglige la quantité de notes en bas de page, et passionnant

 

« le savant et le politique », l’autre œuvre de Max Weber. Réflexion sur les deux attitudes face aux réalités sociales : militantisme ou responsabilité, et leurs conséquences sur les choix moraux.

il n’ y a pas d’amour parfait …

Ah, l’amour ! On le reconnaît à coup sûr, mais bien difficile de le définir, comme le reconnaît Francis Wolff, professeur émérite au département de philosophie de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il est fait de tendresse, d’émotions, d’amitié, de sexe, de passion, de délices et de tortures. Le philosophe a distingué trois composantes de l’amour, qui se combinent – ou non. Pas toujours trois, parfois seulement deux, et pas toujours les mêmes au cours de la vie amoureuse. Bref un équilibre instable …

Jeudi 3 octobre à 18h30

café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay.

bibliographie

oeuvres de Francis Wolff, toutes publiées chez Fayard :

  • « il n’y a pas d’amour parfait »
  • « trois utopies comtemporaines »
  • « pourquoi la musique ? »

 

Kierkegaard : quelle vie choisir ?

Comment donner un sens à sa vie ? Comment choisir entre toutes les vies possibles  – celle d’un dandy, d’un mari fidèle, d’un religieux ? Le danois Soren Kierkegaard (1813-1855) a éprouvé la difficulté du choix, le premier qu’il a affronté étant d’épouser ou non la femme qu’il adorait.  Il a été rongé par l’angoisse de ne pas savoir, et souffert d’une profonde mélancolie, nom que l’on donnait alors à la dépression.

Ces thèmes annoncent avec un siècle d’avance l’ « existentialisme » de Jean-Paul Sartre et de ses contemporains. Mais l’apport et l’originalité de Kierkegaard est d’avoir défini trois « stades »  de l’existence humaine, qui sont comme des modes de vie, des styles de comportement : le stade esthétique (recherche des plaisirs), le stade moraliste (pratique du devoir) et le stade religieux.

Jeudi 6 juin à 18h30, café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

populisme et démocratie, le 7 mars

Le prochain café philosophique aura lieu le jeudi 7 mars

Il sera consacré à l’examen de deux formes d’organisation de la vie politique : la démocratie représentative et le populisme. Il s’agira d’analyser les composantes du populisme, qui a déjà émergé en France dans le passé et auquel plusieurs Etats européens ont recours depuis peu. Pourquoi ? quelles sont ses racines ? sa force ? les raisons de la violence qu’il emploie ? Est-il « de gauche » ou « de droite » ? quel sens a l’appel du « peuple » contre l’Etat ? Comment peut aboutir son affrontement avec la démocratie parlementaire ?

Ces questions semblent surgir de l’actualité récente, mais elles ne datent pas d’hier. Spinoza lui-même a décrit en 1670 le phénomène du populisme, et de nombreux philosophes (Machiavel, Toqueville, Marx, Proudhon, Carl Schmitt…) ont réfléchi à l’articulation entre le peuple et le pouvoir central.

Nous leur demanderons leur aide afin de comprendre notre temps, ce point de vue évitant de tomber dans des débats « politiques ».

Jeudi 7 mars à 18h30, au café-restaurant l’Antre-Potes, 39 rue de la République à Noizay

Bibliographie

Brève introduction au populisme, par Cas Mudde et Cristobal Rovira Kaltwasser (édit de l’Aube). Une présentation simple des caractéristiques du populisme à travers le monde (ouvrage disponible dans la bibliothèque de l’association)

 Grammaire de la multitude, par Paolo Virno (éditions de l’Eclat et Conjonctures). Analyse passionnante des thèmes et de la stratégie du populisme

Pour un populisme de gauche, par Chantal Mouffe (édit Albin Michel). Comme son titre l’indique, un ouvrage engagé, mais dont les thèses, bien que polémiques, sont stimulantes. Lecture plus ardue.

Ces trois auteurs sont des professeurs de philosophie en activité.